Culture

Kisangani : Festival Ngoma, 15 ans de flamme artistique et de résistance citoyenne en RDC

« L’art doit élever le peuple au-dessus de sa souffrance, non l’y enfoncer. » Portée par cette conviction, une génération d’artistes congolais transforme la scène en tribune, la douleur en poésie, et le festival Ngoma en un puissant écho des âmes résilientes de l’Est.

Au cœur de la République démocratique du Congo, loin des clichés et des récits réducteurs, bat un pouls culturel intense et insurgé. Kisangani, ville-carrefour de la Tshopo, vibre au rythme de créateurs inlassables qui, malgré les obstacles, tiennent haut le drapeau d’un art exigeant et libérateur. Parmi eux, le groupe TACCEMS asbl et son festival Ngoma incarnent depuis quinze ans une vision de la culture comme acte de résistance, d’unité et de dignité. Rencontre avec Magloire Bolunda, coordonnateur et figure motrice de cette aventure artistique et humaine.

La sphère culturelle congolaise est un feu qui ne s’éteint pas. Alimentée par une énergie brute et une passion intacte, elle rayonne notamment à Kisangani, où le festival Ngoma s’est imposé comme un rendez-vous incontournable des arts de la scène. Théâtre, danse, slam, musique : chaque forme artistique y est convoquée pour servir une même cause celle de l’élévation par le beau et du témoignage par le vrai.

Cette 15ᵉ édition, placée sous le thème « Tous solidaires avec l’Est », résonne avec une gravité particulière. Elle est dédiée aux populations de l’Est de la RDC, meurtries par des années de conflit et souvent oubliées des récits médiatiques. Ici, l’art n’est pas divertissement ; il est miroir des douleurs collectives et épée symbolique pour les transcender. La scène devient un espace sacré où se croisent questionnements, frissons et prises de conscience.

Derrière cette longévité exceptionnelle se trouve le groupe TACCEMS asbl, qui fête cette année ses trente ans d’existence. Magloire Bolunda en dévoile le secret : une vision claire, une équipe soudée et un engagement traité comme une vocation. « Chacun accomplit ses tâches avec sérieusité, sans se limiter à des intérêts mesquins », souligne-t-il. Et d’ajouter : « sans le soutien indéfectible de partenaires comme Africalia Belgium depuis vingt-cinq ans, rien n’aurait été possible. »

L’avenir s’écrit déjà. Deux projets structurants sont en cours : la réhabilitation prochaine du Centre culturel Ngoma, grâce à l’appui d’Enabel, et l’acquisition d’un terrain pour construire le « village Ngoma », un lieu dédié où la créativité pourra s’épanouir durablement.

Le festival Ngoma est bien plus qu’un événement : c’est un souffle. Un souffle qui traverse les années, les difficultés, les silences, pour rappeler que l’art congolais est vivant, qu’il pense, qu’il crie et qu’il espère. Du 24 au 30 août 2025, Kisangani sera de nouveau le centre de ce foyer radiant où, quinze années durant, des femmes et des hommes ont allumé des flammes bien plus fortes que toutes les obscurités. Et le chemin continue.

Rendez-vous du 24 au 30 août 2025 au Centre culturel Ngoma, Kisangani (Tshopo)

Franklin MIGABO

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